C. Masson - De la périphérie au centre ...

Publié le par DC

  ... du centre vers la périphérie   

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Et vivre un début de séance peut devenir comme un dépouillement progressif pour mieux atteindre une expérience profonde. D’abord arriver dans l’état dans lequel nous nous trouvons, il s’agit de s’accorder un temps d’accueil et d’accueillir le lieu dans lequel chacun va se laisser trouver par « le Souffle », se recentrer pour se déposer et vivre une expérience de pratique dans « le corps que l’on a et le corps que l’on est ». Quand nous commençons une pratique, quelle expérience nous est-il donné à vivre ? La pratique nous permet de nous « accorder » avec discernement, rigueur et fluidité. C’est vivre l’« âsana » ; c'est-à-dire préparer les conditions pour accueillir la Présence qui nous cherche. L’essentiel n’est-il pas de devenir plus présent, plus responsable et plus confiant ?

"Vous êtes dans une pièce vide, si elle se transforme en étable ou en temple, c’est notre façon d’être là qui en est la cause, notre responsabilité, nous créons sans cesse la réalité qui nous entoure."

K. G. Dürckheim

Puis vient le temps de se retrouver chacun sur « son tapis ». Le fameux tapis, un territoire qui structure, qui a son sens mais qui ne doit pas devenir un enfermement, même pendant la pratique, « se sentir centré » et « ouvert », relié à soi et aux autres. S’installer. Lâcher prise, mais pas n’importe comment, sans être dans la dissolution, avec une structure. Trouver la tension juste, l’associer à la détente, c’est un calme contrôlé qui maintient la forme. Il ne s’agit pas de fuir, « tenue, forme, unité » dans la posture : c'est-à-dire se placer. Écouter la respiration telle quelle est, son rythme naturel. Suivre le Souffle, se laisser trouver, reposé en soi et relié au monde, les sens en éveil avec une conscience de la présence des autres, des bruits de l’extérieur, des odeurs. C’est une expérience d’ouverture qui permet de se mettre à la disposition de cette présence intérieure qui va agir en nous. Être un avec l’inspir, être un avec l’expir, la qualité de la respiration rapproche ou éloigne de notre profondeur ; chaque perturbation du rythme nous signale une déviation de notre attitude intérieure. Revenir, revenir à l’instant présent, c’est difficile d’être là et s’ouvrir au souffle, devenir disciple du souffle, le suivre, s’asseoir intérieurement. Être dans son centre, ce chemin vers le cœur. Que m’accorde aujourd’hui ce corps que je suis et que j’ai et qu'est-ce que je lui accorde ?
Et plutôt que de prendre les postures dans un souci de performance, mettre la musculature au service du souffle, faire le deuil de l’ambition, de la réussite d’une posture idéale, ce qui n’exclut pas une grande rigueur. L’important sera de vivre la posture comme un chemin de maturation dans le quotidien.
La séance sera en lien réel avec la vie quotidienne sans clivage, que la pratique transforme le quotidien et que le quotidien transforme la pratique.
Cela nous transforme dans notre qualité de présence, dans notre façon de tout faire plus lentement, dans notre façon de toucher les objets, dans l’importance des toutes petites choses.

Cela nous met dans un « oui » à la Vie.

Catherine Masson
Extrait de la Revue Française de Yoga – Juillet 2001

Publié dans Textes

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